naftaline

Aujourd'hui, j'ai 21 ans.

 

Aujourd'hui, j'ai également vu qu'une ancienne camarade de classe à Sarlat m'avait rayé de sa vie. Oui, comme ça. Tous les autres ont oublié que c'était mon anniversaire. Peut-être m'ont ils oublié tout court? Cela fait maintenant deux ans, ils sont parvenus à tourner la page, pourquoi pas moi?

Aujourd'hui, j'ai voulu tout arrêter. Parce que je ne sais pas où j'en suis, ce que je veux, ce dont je suis capable. Quand passe-t-on de fille à femme? Naftaline a 8ans, j'en avais 16 lorsque j'ai commencé à poster ici. J'ai eu le deuxième dvd où l'épisode de mon enfance devait se trouver: il a changé. D'ailleurs, tout change en ce moment. Mes envies, mes convictions, mon immaturité, mon rapport au temps qui passe. Désormais j'aurai peur. Peur de vieillir, parce que je ne grandirai plus. Peur de me gâcher, parce que je donne à ceux qui ne savent pas prendre. Peur de me rater, parce que je ne sais plus comment me reconstruire. Peur de me faner, parce que c'est ici que je devrais être à l'apogée de ma vie: au sommet de ma jeunesse, j'aimerais être plus belle que jamais, que l'on me regarde, que l'on me désire, que l'on m'aime, que je reprenne enfin goût aux choses simples et que mon existence retrouve un sens (et un bon).

Aujourd'hui, j'ai 21 ans et j'arrête d'être masochiste.

 

Dois je fuir ou me faire constamment désirer ?

Ma définition du bonheur s'est arrêtée à Sarlat, elle s'achève quand je passe devant le panneau qui barre le nom de la ville. Et puis le train qui met des heures à me ramener, et puis les souvenirs si doux qui deviennent odieusement douloureux. 

 

MAIS

Je me savais attendue, je savais que je n'allais pas avoir le temps de souffler une fois revenue. J'ai emménagé dans ce studio visité juste avant mon départ pour le Sud. Ce fut rapide, un coup de foudre, un rendez-vous, des signatures et un trousseau de clé auquel pend un petit éléphant à grelot. Mon nid est chaud, sécurisant, sans cesse habité par amis, voisin et.... Lui quoi.

Je n'ai passé qu'une nuit seule. Je crois que j'ai peur pour l'instant, je dois réapprendre, toujours réapprendre après Sarlat. Mais ça va, vraiment. Nous fîmes des crêpes, les cons puis l'amour. Ma vie a tellement changé, je ne me reconnais plus. Je découvre tant, je compare avec l' Avant, l' Avant tout. Avant le bac, avant Sarlat, avant quoi.

Un studio, des études à peu près épanouissantes, quelqu'un que j'aime, les cheveux acajou.

 

Oui, c'est nouveau et ça fait du bien.

 

En cet après-midi pluvieuse, la logique voudrait que je prépare mes valises. Après tout, une semaine à Sarlat demande un minimum d'affaires. D'autant que je dois être présentable, je n'y vais pas en touriste cette fois-ci. C'est que je vais y travailler! Bon, c'est l'histoire d'une semaine, c'est pas payé mais on m'offre bien plus qu'un contrat. C'est quelques jours dans la ville que j'aime, un an que je me bats pour y retourner. Je n'ai nulle part où dormir le reste de l'année; cette semaine est une opportunité. J'ai commandé mes billets, mon amie m'attendra déjà à la gare d'Angoulême, je n'ai même pas besoin de changer de train, j'en ai pour moins de dix heures, je ne reverrai pas Libourne. Encore une chance. Il me reste à compter les jours. On me demande souvent "mais alors, tu es heureuse?" il serait tellement déplacé de dire non. Oui, je vais passer une semaine là où je suis heureuse, je sais que c'est le seul endroit où j'ai connu le Bonheur en majuscule, dans cette ville minuscule avec ces gens.... Ces gens qui ne seront pas là cette année. On ne gagne pas toutes les batailles, suis je en guerre contre le temps qui m'éloigne de cette époque? Je suis déçue et frustrée de ne pas les voir, l'euphorie ne sera plus la même, il faisait partie de ma vie à Sarlat. Sans eux, ça ne sera pas pareil, c'est évident. C'est peut-être pour ça que je me sens triste, finalement. ça ou la pluie, la nuit qui tombe plus vite, le temps qui passe.

Et je vous aime, toujours et encore.
 

Les revoir trois jours, Serrer dans mes bras mon ami quelques minutes alors que je pensais ne jamais le revoir, rester enfermée quelques heures avec eux (lui) dans la voiture, revoir les pavés de ma vie, aller au marché au soleil,....

ça n'a pas eu de prix.

Et maintenant?
Réussir à m'inscrire à mes examens, peut-être?